La politique de déradicalisation en Algérie s’est appuyée sur la consolidation de la démocratie
11 avril 2018
PARIS - La politique de déradicalisation, menée en
Algérie, s’est appuyée sur la consolidation de la
démocratie, en tant que "choix stratégique", a indiqué
mercredi à Paris le ministre des Affaires étrangères,
Abdelkader Messahel.
"La politique de déradicalisation s’est appuyée sur la
consolidation de la démocratie, en tant que choix
stratégique à même de lutter contre les discours de
l’exclusif, seul programme politique véhiculé par les
extrémistes, et de l’exclusion qui tend à combattre
toute opposition à son seul et unique discours, quel
qu’en soit le contenu", a expliqué le ministre dans une
conférence ayant pour thème "Contre le terrorisme et
l'extrémisme, la déradicalisation : l'expérience
algérienne" qu'il a donnée à l'Institut français des
relations internationales (IFRI).
Pour lui, c’est-là où réside le caractère "stratégique"
de ce choix opéré par l’Etat algérien qui a érigé la
démocratie en "un antidote aux discours extrémistes et
radicaux".
Il a expliqué que cette politique met la population et
le pays tout entier "à l’abri de potentiels futurs
risques de radicalisation", notant qu'elle est globale
et multisectorielle et que son succès repose sur
l’adhésion et l’implication des citoyens ainsi que de
tous les acteurs publics et privés.
"Elle se fonde sur une démarche inclusive qui tend à
éliminer, au sein de la société, les facteurs
socioéconomiques, mais aussi politique, religieux,
culturel et autres, favorisant la marginalisation, en
particulier des jeunes", a-t-il ajouté, soulignant que
cette politique "a été et reste un axe fondamental" dans
les politiques et programmes sectoriels de l’Etat
algérien.
Evoquant la politique de réconciliation nationale, le
ministre a indiqué que sa réussite a été possible grâce
à la réunion de quatre conditions fondamentales.
Il a cité à cet effet l’exigence de respect de la
Constitution et des lois de la République par tous, la
nécessité d’une "solidarité agissante" de l’ensemble de
la communauté nationale avec toutes les victimes de la
tragédie nationale, la reconnaissance du rôle des
institutions étatiques et du patriotisme des forces
vives de la nation, qui ont sauvé le pays du chaos
programmé par les ennemis du peuple, et l’ouverture de
la chance du retour au sein de la communauté nationale à
"ceux dont la voie s’en est écartée, un retour qui se
fonde sur le repentir dans le respect de l’ordre
républicain".
En outre, il a également souligné la "forte" relance du
développement économique grâce à de "très ambitieux"
programmes "centrés sur le développement des
infrastructures, l’amélioration des conditions de vies
de la population, le renforcement de la justice sociale
par des transferts sociaux élevés au profit des couches
défavorisées, et la modernisation de la gouvernance de
l’économie, de l’administration, de l’éducation et de
tous les autres secteurs d’activités".
La démarche algérienne a intégré dans son action, a-t-il
dit, la promotion au sein de la société, dans le système
éducatif, dans le fonctionnement des institutions
publiques et dans le cadre d’activités de
sensibilisation, "des valeurs et des principes
encourageant le vivre ensemble en paix à travers la
réconciliation, le pardon, la tolérance, la valorisation
de la différence, le respect mutuel, l’inclusion, la
compréhension, la solidarité, le dialogue, la
négociation et le rejet de la violence".
Comme elle a également intégré, a-t-il poursuivi, "la
réhabilitation et la réappropriation de notre histoire
et de notre identité nationale dans leur triple
dimension amazighe, arabe et musulmane, en faisant
notamment de tamazight une langue nationale et
officielle au côté de la langue arabe, et de Yennayer
célébré depuis des millénaires dans l’ensemble des
campagnes de l’est à l’ouest de l’Algérie, une fête
nationale".
"C’est notre conviction que grâce à cette démarche
rassembleuse, la nation sera à même de fermer
durablement les portes de la rancœur, d’éliminer les
risques de stigmatisation sociale et les résidus pouvant
alimenter les démons de la vengeance", a-t-il conclu.